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TVA sur les Airbnb : bienvenue dans l'enfer fiscal français
Il fallait s’y attendre. Le succès des locations Airbnb, c’était trop beau pour durer. Des millions de Français – petits propriétaires, retraités, familles tentant de rentabiliser un studio hérité ou une maison de campagne – profitaient de ce vent de liberté économique, d’une plateforme simple, d’un revenu complémentaire pas volé. Une bulle d’oxygène. Résultat ? Les hôteliers râlaient, les collectivités grinçaient des dents, l'État comptait ses centimes. Et voilà qu'en 2025, la hache tombe : les locations de courte durée sont désormais soumises à la TVA.
Et pas à n’importe quel taux : 10 %. Dix pour cent que l’État se taille dans votre recette, pendant qu’il vous regarde, tout sourire, remplir des formulaires, déclarer vos revenus sur trois plateformes différentes, et expliquer au fisc que vous n’êtes pas un marchand de sommeil mais juste quelqu’un qui loue son 20 m² à Honfleur trois week‑ends par an. Le tout pendant que les mastodontes de la finance optimisent légalement leur impôt à coups de holdings au Luxembourg. Bienvenue en France.
Quand le fisc s’invite dans votre salon
Derrière la mesure, il y a la fameuse « égalité de traitement ». Les hôtels payent la TVA ? Alors les meublés de tourisme aussi. Sauf que ce que personne ne dit – ou ne veut voir – c’est que le petit propriétaire n’a ni l’infrastructure, ni la logistique, ni les ressources humaines d’un hôtel trois étoiles. Mais il est traité comme tel.
Ce n’est pas seulement injuste, c’est absurde. C’est comme si vous vendiez des confitures maison au marché du coin, et qu’on vous imposait les mêmes obligations que Danone. On va vous demander un numéro de TVA intracommunautaire, la facturation selon les règles européennes, la déclaration sur le portail Chorus Pro… Et tout ça pourquoi ? Pour un T2 à Palavas‑les‑Flots, loué 12 nuits en juillet.
Une mesure contre les plateformes ? Non. Contre les gens.
Certains y verront une attaque contre Airbnb. Mais détrompez‑vous. Airbnb, Booking, Abritel – ils s’en fichent. Ils ont les reins solides. Ils répercuteront les frais, intégreront les nouvelles règles, et continueront d’empocher leur commission. Les vraies victimes de cette réforme, ce sont les particuliers. Vous. Moi. Nos parents. Tous ceux qui ont cru, un temps, qu’on pouvait vivre un peu mieux grâce à l’économie collaborative.
Et qu’on ne vienne pas me parler de « justice sociale ». Parce que pendant ce temps, les résidences secondaires restent favorisées, les meublés de longue durée gardent leur régime fiscal allégé, et les locations via SCI échappent à la plupart des contraintes. Le petit meublé de centre‑ville, lui, devient le bouc émissaire d’un pays qui ne sait plus comment combler ses déficits autrement qu’en matraquant les classes moyennes.
Et maintenant, quoi ?
La TVA n’est que le début. On parle déjà de plafonner la durée de location, de supprimer les abattements fiscaux, de soumettre tout meublé à des normes énergétiques impossibles à tenir dans l’ancien. On tue le modèle à petit feu, par mille coupures.
Alors bien sûr, certains s’en réjouiront. Des élus locaux, contents de voir les Airbnb disparaître de leurs centres‑villes (et tant pis pour les commerces qui vivaient des touristes). Des hôteliers soulagés de retrouver un peu d’air (à condition de baisser leurs prix et d’investir un peu, un jour). Et des bureaucrates, ravis d’ajouter une nouvelle ligne à leur tableau Excel.
Mais à long terme ? On aura vidé le cœur des villes de leurs visiteurs, découragé les petits propriétaires, et réaffirmé un message bien connu : en France, il ne faut surtout pas réussir trop vite, ni en dehors des cadres.
Une réponse à côté de la plaque
La vérité, c’est que cette TVA ne résout aucun problème. Elle ne résout pas la crise du logement. Elle ne règle pas la vacance locative dans certaines zones. Elle ne met pas fin à la flambée des prix. Elle ne crée pas de nouveaux hôtels, elle ne remet pas de concierges dans les halls, elle ne fait pas revenir les touristes chinois.
C’est un placebo fiscal, un pansement sur une jambe de bois, un grattage de fond de tiroir fait passer pour une grande réforme. Pendant ce temps, les problèmes profonds demeurent : zonage incohérent, urbanisme bloqué, fiscalité kafkaïenne, loyers encadrés sans contrepartie.
Conclusion (ou ce qui en tient lieu)
Airbnb, c’était la liberté, la débrouille, le revenu complémentaire. Ce n’était pas parfait – loin de là – mais c’était humain. Accessible. Maintenant, ça devient une usine à gaz. Une professionnalisation forcée. Un moyen de dire aux gens : « Merci d’avoir innové, mais maintenant, on reprend la main. Et au passage, on vous taxe. »
Alors non, je ne suis pas neutre. Je suis en colère. Et si vous êtes un propriétaire qui a rénové un appartement, payé ses charges, et accueilli des voyageurs avec le sourire, vous avez toutes les raisons de l’être aussi.
🧾 Note technique : la mesure concerne les locations de courte durée meublées, lorsque des prestations para‑hôtelières sont proposées (linge, petit‑déjeuner, accueil, ménage). Le seuil d’assujettissement peut être atteint plus vite qu’on ne le croit. Airbnb se prépare à gérer cette collecte automatiquement pour ses utilisateurs.
🗓 Mise en application : 2025. Source : loi de finances 2024 – à confirmer selon modalités d'application exactes.